chanson simple
la grève encore l'immensité bleutée d'un temps chéri ni travaillé ni vaqué il est un mot que l'on disait dans ma jeunesse et plus du tout aujourd'hui la grève encore la levée des drapeaux sur la mer habitée marée urbaine sous le soleil d'un doux printemps on prend son temps on s'en délivre puisqu'il n'est plus mesuré mais tout permis et tout droit dans sa capacité à musarder s'attarder se faire plaisir à crier à monter les termes bien au-dessus des têtes à les encenser à y croire il est un mot qu'on employait avant et aujourd'hui absolument plus ils ont retiré les pavés du cœur des villes mais la plage la plage est toujours là j'imagine des barricades de sable et de varechs pourrissants je vois des murs d'eau dans nos bras haut levés et des écumes par tous les chants de bataille je t'écris comme on offre un biscuit à l'acolyte marin je t'écris comme on paie une pinte à l'ami assoiffé tous les bars sont fermés et nous marchons sur des avenues de fer avec enfin le droit de fouler le bitume et les signalisations ils ont retiré les pavés du sein des villes et il y avait ce mot avant et désormais inusité presque perdu comme la chanson de l'autre jour un mot qui maintenant fait pleurer à le trouver si frais si frêle fragilisé ils ont retiré les pavés mais pas notre mémoire d'y-ceux j'imagine des barricades de discours d'écharpes au vent des frontières de papier tout à traque des pans de tracts et de poings noircis dessinés à l'arrache entre deux régiments de tortues arnachées hier il y avait ce mot qui désormais maintenant aujourd'hui se porte sous les manteaux à la place à à à l'emplacement du cœur ils ont retirés les pavés et rapproché du même coup les grands jets d'eau la fumée on y voit goutte mais toujours assez pour parler je t'écris comme pour te porter et les bras de la foule sont immenses et sa voix se perd dans le jour des temps ils ont retiré les pavés les pauvres et tous les bancs tu as remarqué oui toi aussi moi aussi moi aussi oui et il y avait ce mot désormais disparu non mais caché et puis cet autre encore enfoui dans les couplets de nos chansons nous nous marchons oui aujourd'hui nous marchons tapant parfois nos bocks aux trottoirs chaleureux ce midi nous chauffant d'asphalte comme de résolutions et quelques amis en pousse une qui nous fout le frisson
Sur c'te butte là, y avait pas d'gigolette,
Pas de marlous, ni de beaux muscalins.
Ah, c'était loin du moulin d'la Galette,
Et de Paname, qu'est le roi des pat'lins.
C'qu'elle en a bu, du beau sang, cette terre,
Sang d'ouvrier et sang de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents.
La Butte Rouge, c'est son nom , l'baptème s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd'hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains...